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Comprendre l’enjeu d’une flore intestinale saine

La santé commence dans les intestins soutiennent les médecines traditionnelles. Et à raison ! Plus près de nous, Katherine Kousmine ou Jean Seignalet l’avaient bien compris, ouvrant la voie à un autre regard sur les maladies chroniques et bon nombre de symptômes aigus, des allergies aux maladies auto-immunes en passant par les infections et les troubles du comportement. L’intestin, notre 2e cerveau, joue effectivement un rôle essentiel de filtre sélectif, qui ne peut s’opérer que grâce à une flore équilibrée. Or, à l’heure actuelle, cette flore est victime de multiples agressions répétées. Voici donc un premier éclairage sur l’importance du maintien de l’écosystème intestinal.

 

L’écosystème intestinal est formé par la flore intestinale, la muqueuse intestinale et le système immunitaire, acteurs interdépendants les uns des autres.

 

La flore et son rôle

À la naissance, le système intestinal est vierge et se trouve immédiatement colonisé lors de l’accouchement par des bactéries de la flore du vagin, du côlon et du rectum de la mère, mais aussi du milieu dans lequel l’enfant voit le jour. Cette flore, dénommée à présent microbiote, est unique et propre à chacun. Mais, si la flore de la mère est déséquilibrée, celle de l’enfant le sera. Les premiers jours de la vie s’avèrent déterminants pour le développement d’une flore équilibrée. Un accouchement par césarienne par exemple va ralentir l’installation de la flore, tout comme l’abus d’antiseptiques ou la nourriture à base de laits maternisés. Cette flore va évoluer et se diversifier ensuite au fil de la vie. Les entérobactéries sont les premières à coloniser le tube digestif dans les 24 à 48 heures après la naissance. Elles vont créer un environnement pauvre en oxygène, caractéristique du tube digestif mature, qui permet le développement d'autres bactéries (bactéroïdes, bifidobactéries… auxquelles s'ajoutent ensuite, par exemple, les streptocoques et les lactobacilles. Dès la fin de la première semaine de vie, des milliards de bactéries sont présentes dans les selles du nouveau-né. Plus il grandit, plus sa flore intestinale devient complexe, diversifiée. A l'âge de 2 ans, elle est proche de celle de l'adulte.

 

Tout l’appareil digestif est habité par des bactéries, avec un accroissement de population au fil du trajet, la plus forte concentration se situant dans le côlon. Un adulte abrite 100 000 milliards de bactéries, soit 10 fois plus que le nombre de cellules de l’organisme, avec lesquelles il vit en harmonie, en symbiose. Cette flore se divise en 3 groupes : la flore dite essentielle ou bénéfique composée de bifidobactéries, de lactobactéries, de propionobactéries…, la flore opportuniste composée de microbes, bactéries, baciles, levures… et enfin une flore qualifiée de transition constituée de divers organismes avalés quotidiennement et immédiatement rejetés si l’ensemble est bien équilibré.

Cette flore, qui suscite un intérêt grandissant au niveau des recherches, remplit de nombreux rôles et constitue le premier rempart de notre immunité. Tout d’abord, la flore achève la digestion des aliments et permet donc l’assimilation des nutriments. Elle finit de dégrader les glucides (flore de fermentation au niveau du côlon droit) et de transformer les protides (flore de putréfaction au niveau du côlon gauche). Elle assure aussi la synthèse de certaines vitamines, B et K notamment, celle d’enzymes et métabolise des hormones. Elle normalise l’acidité du milieu et joue un rôle épuratoire par élimination des substances toxiques et par recyclage ou traitement de sécrétions ou de produits de transformation tels que le cholestérol, l’ammoniac… Elle remplit également une fonction physiologique en assurant le renouvellement et la régulation de l’épaisseur et de la muqueuse intestinale et des villosités.

 

La flore intestinale en chiffres

• 100 000 milliards de bactéries dont 99 % sont anaérobies (vivant sans oxygène)

• quelque 500 espèces différentes

• 50 % de la masse des matières fécales

• Environ 2 kg

 

Les facteurs de perturbation

Ils sont multiples et relèvent autant du comportement, de l’alimentation que de l’environnement.

Les premiers ennemis de la flore sont les antibiotiques et de nombreux médicaments ou traitements pris de façon régulière comme les anti-inflammatoires, les corticoïdes, la pilule, la chimiothérapie, les laxatifs, les anti-parasitaires, les immuno-suppresseurs…

Mais au quotidien, les sources de perturbation sont essentiellement alimentaires et comportementales. Le stress et les émotions jouent un rôle non négligeable, entraînant souvent un manque de mastication et à la clé une digestion imparfaite se traduisant par des ballonnements, des gaz, des diarrhées, de la constipation… Au niveau alimentaire, certains excès posent problème : aliments raffinés (manque de fibres), trop cuits (destruction des enzymes), abus de viande, d’excitants, de sucre, de laitages, de produits porteurs de résidus toxiques… sans compter le chlore, trop souvent présent dans l’eau du robinet. Enfin, les carences minérales et vitaminiques, dues à une alimentation déséquilibrée et à la prédominance d’aliments raffinés, empêchent le bon entretien de la flore et entravent donc son fonctionnement, entraînant de nouvelles carences.

 

« Dans l’environnement, 99,9 % des bactéries sont indifférentes ou bénéfiques à notre organisme. La peur des bactéries et l’idée de vivre dans un monde stérile sont donc dangereuses. Il faut au contraire les protéger et ne pas chercher à vivre sans. Un environnement purgé de bactéries risque de produire l’effet contraire, en facilitant le peuplement de bactéries pathogènes.

Gérard Corthier

 

Entretenir sa flore, le rôle des pré et pro-biotiques

Normalement, la flore bénéfique domine et occupe donc le terrain, empêchant le développement des pathogènes. Pour retrouver un équilibre ou simplement l’entretenir, il faut la nourrir et assurer son renouvellement, ce qui est théoriquement assuré par une alimentation diversifiée et équilibrée incluant légumes et fruits.

Les prébiotiques nourrissent la flore et stimulent donc son développement, les probiotiques, dont le nom signifient « en faveur de la vie » à l’opposé des antibiotiques, l’ensemencent. Les fibres constituent de précieux prébiotiques de base et certains aliments ont une action plus favorable encore, parce que riches en fibres végétales non assimilables par l’intestion (inuline et fructo-ologo-saccharides ou FOS) :  les topinambours, l’asperge, les oignons, l’ail, la banane, l’orge et surtout la racine de chicorée.

Quant aux probiotiques, si la supplémentation est possible et parfois nécessaire (après un traitement médicamenteux par exemple), ils peuvent être ingérés de façon régulière grâce aux aliments contenant des ferments. Les yaourts en sont une bonne source, à condition de supporter le lait et d’opter pour des yaourts maison ou fermiers. Tous les légumes lacto-fermentés et les jus de légumes lacto-fermentés en sont une mine, le mieux étant de les consommer frais et crus (sant traitement thermique de conservation). Le kéfir et le Kombucha sont aussi des boissons fermentées contribuant à l’entretien régulier. Enfin, n’oublions pas le germe de blé, la levure de bière ou encore le pollen.

 

Votre flore est-elle équilibrée ?

Divers signes doivent attirer votre attention, en voici quelques uns…

• Ballonnements et gaz

• Alternance constipation/diarrhée

• Gastro-entérites fréquentes

• Troubles digestifs divers avec tendance au surpoids       

• Allergies cutanées (eczéma, urticaire, dermatites…)

• Asthmes et affections ORL

• Douleurs articulaires avec troubles digestifs

• Tendinites avec troubles digestifs

 

Lorsque la flore se trouve déséquilibrée de façon ponctuelle ou régulière (on parle alors de dysbiose), les bactéries, levures et autres organismes opportunistes ou en transit peuvent se développer en surnombre et causer des troubles. La candidose est l’exemple typique du déséquilibre intestinal : les candidas présents de façon régulière se développent exagérèment et finissent par coloniser d’autres parties du corps, causant notamment des mycoses. Plus encore, la flore permet de protéger la muqueuse intestinale. En cas de déséquilibre, celle-ci sera d’abord irritée, puis altérée au point de devenir poreuse. L’équilibre de la flore est donc le premier rempart de notre immunité et de notre santé.

 

Pour aller plus loin

• Tout vient du ventre (ou presque), Danielle Festy, leducs éditions, 2006

Un ouvrage accessible aux néophytes, très pratiques avec de nombreuses pistes naturelles de prise en charge.

• Écosystème intestinal et santé optimale, Docteur Georges Mouton, collection Résurgence, Marco Pietteur, 2007

Un ouvrage très détaillé et beaucoup plus ardu, pour amateurs éclairés et spécialistes.

• Bonnes bactéries et bonne santé, Gérard Corthier, éditions Quae, 2011

Un ouvrage très accessible, non dépourvu d’humour, pour explorer cet univers fascinant.

 

À suivre…

 

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