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L’énergie du foie

En médecine traditionnelle chinoise, le printemps est la saison phare du foie, associée à la couleur verte, la saveur acide et la colère. En cette période de renouveau, il importe de porter une attention particulière au foie, qui participe au grand ménage organique. Fortement sollicité par un environnement trop pollué, le foie a lui aussi besoin de son petit nettoyage saisonnier, pour alléger sa tâche, ce qui fait d’ailleurs le succès des diètes détox. Le printemps est un éveil, le moment où nous projetons et commençons à réinvestir, le temps de la mise en mouvement au propre comme au figuré. Or, pour amorcer ce mouvement, il nous faut nous délester de tout ce qui nous entrave, nous contraint, nous alourdit… qu’il s’agisse des quelques kilos accumulés durant l’hiver ou de nos ruminations mentales. Le « grand »ménage de printemps illustre parfaitement ce propos. Il est temps d’ouvrir nos fenêtres et de faire circuler la vie, en nous et autour de nous.

 

Le foie, l’affirmation de soi

 

Le plus volumineux de nos organes digestifs est un grand travailleur silencieux, qui assume de multiples fonctions de tri, synthèse, stockage et épuration. Au-delà de la production de la bile, le foie est impliqué dans le métabolisme des macro-nutriments et sa défaillance a des implications directes sur l’absorption des nutriments. Mais ce sont surtout les fonctions de tri et d’épuration qui sont mises à mal par notre environnement et nos modes de vie, trop pollués, trop stressants, trop médicamentés, trop déséquilibrés et par conséquent trop porteurs de toxines et toxiques divers, y compris les métaux lourds et additifs alimentaires. Dépassé par la charge de travail imposé, le foie devient faible et l’ensemble de l’organisme en pâtit. C’est simple : si l’épuration et l’absorption se font mal, chaque cellule sera mal nourrie et fonctionnera à son tour au ralenti, d’où les sensations de lourdeurs, de fatigue, d’esprit embrouillé, de dépression, de troubles digestifs… En somme, le foie permet l’animation, c’est-à-dire la manifestation de la vie dans le corps, ce qui explique qu’il soit l’organe le plus chaud du corps. Il est l’expression du Moi, d’où son extrême sensibilité. Rien d’étonnant aussi à ce qu’il soit en lien avec la foi, soit la confiance en soi et en la vie. La bonne nouvelle est que cet organe possède une incroyable capacité de régénération, à condition de lui offrir un peu de répit, d’où l’intérêt des cures dépuratives de printemps. Pour être pleinement efficaces, celles-ci doivent jouer sur une épuration globale afin que le nettoyage du foie n’affecte pas d’autres organes, notamment les reins. Dans le même temps, il convient de fortifier en optimisant l’apport en micro-nutriments, vitamines, minéraux, oligo-éléments et phyto-nutriments. Dans ce contexte, l’alimentation fera donc la part belle aux légumes et infusions.
Le printemps nous permet de nous sentir neuf dans un monde neuf et c’est pourquoi il nous invite au grand-ménage, une occasion de faire le point et de se réaffirmer.

 

Tout commence dans l’assiette

 

Au niveau organique et nutritionnel, les solutions sont multiples et souvent à portée de mains pour ceux qui vivent à la campagne avec le pissenlit, véritable allié du système digestif et plus particulièrement du foie et de la vésicule biliaire, l’ortie et plus globalement toutes les sauvages comestibles, mais aussi la sève de bouleau à consommer en cure. L’option citron, très en vogue, est aussi intéressante, à condition toutefois d’être parfaitement capable de métaboliser les acides de fruit. Dans le cas contraire, point d’excès : les frileux se contenteront d’un jus par jour.

Au quotidien, il suffit de s’offrir un verre d’eau à température ambiante avec un peu de jus de citron ou, pour soulager vivement foie et vésicule, une cuillère à soupe d’huile d’olive, éventuellement avec autant de citron. Ce mélange, en provoquant une chasse biliaire, décongestionne foie et vésicule et permet ainsi au foie de se délester de toxines accumulées. Les repas seront allégés en graisses, notamment cuites, et en glucides surtout raffinés. Ils intégreront davantage de crudités, de graines germées, voire de jus d’herbe ou de légumes. L’intérêt est de mettre du vert au menu. Loin de n’être qu’un pigment, la chlorophylle contribue aussi à la régénération (lire aussi « La couleur dans l’assiette ») par la dépuration. Place aux généreuses salades de pissenlit et autres sauvages. De même, les aliments riches en soufre (à condition de ne pas être sensible aux sulfates) sont des alliés du foie, qui l‘utilise pour détoxifier bon nombre de substances nocives. L’ail, l'oignon, le poireau, les différents choux seront donc privilégiés, mais aussi l’œuf, les moules, le foie, les fruits de mer… sans oublier certaines eaux minérales (Vichy, Contrex…). Les cuissons devront être douces et brèves. Place donc à la vapeur !

Côté boissons, les citronnades tièdes et tisanes seront bienvenues et bien sûr préférées aux boissons alcoolisées, autres ennemies du foie si consommées en excès. Camomille, romarin, thym, souci, menthe, artichaut… le choix est vaste.

Il est aussi possible de recourir au romarin par voie externe. Dans ce cas, opter pour du romarin à verbénone et masser matin et soir la région du foie avec deux gouttes d’huile essentielle, directement sur la peau ou diluée dans une huile de support (sésame, olive, amande douce…). Attention, l’huile essentielle de romarin est à utiliser avec précaution par les femmes enceintes ou allaitantes. Et n’oubliez pas que le romarin, en tisane ou par voie externe, est à consommer en cure (en général 3 semaines) et non au long cours, sous peine de voir ses effets s’inverser.

 

Ménage émotionnel

 

La revitalisation du foie ne peut être complète sans un nettoyage de nos blocages émotionnels, à commencer par la colère, grande consommatrice d’énergie. Perçue trop souvent comme négative puisqu’envisagée sous son seul angle destructeur, la colère est avant tout une énergie d’une grande puissance et son effet dépend donc directement de la façon dont nous l’utilisons. La colère nous parle de la défense de nos limites, de notre territoire, de nos valeurs, de notre intégrité et nous permet de nous affirmer. Réussir à dépasser la pulsion première pour parvenir à exprimer posément notre ressenti est la meilleure façon de ne pas céder à la violence vis-à-vis d’autrui, mais aussi de ne pas retourner cette violence contre soi, car toute colère refoulée affecte directement le foie et constitue une bombe à retardement. Au positif, la colère met en mouvement et vise une libération d’un état non satisfaisant. Il n’est pas étonnant que la saveur correspondante soit l’acide, qui a la capacité de dissiper les blocages (voir Les saveurs nous révèlent) ; pas étonnant non plus de voir certains enfants mordre à pleines dents dans un citron ! Il existe différentes façons de gérer sa colère, l’essentiel étant de parvenir à l’exprimer sans provoquer de ras-de-marée doublement destructeur, pour soi et pour autrui.

La colère trahit une insatisfaction, une frustration entre aspiration et vécu. Ne pas l’écouter, ne pas la reconnaître, ne pas l’exprimer et surtout chercher à l’esquiver ou à la faire taire en détruisant son foie par l’alcool, les drogues et autres excès, trahit une immense souffrance du Moi, qui se mue en renoncement et conduit à l’auto-destruction. Bref, au lent suicide.

Pour les événements passés, l’écriture offre une opportunité aisée, par le truchement de la lettre symbolique, qui consiste à rédiger une lettre à l’attention de la personne concernée, en structurant son propos. Cet exercice oblige à  faire le point sur le ressenti, permet aussi de mettre le doigt sur ce qui nous affecte, ce à quoi cela fait écho en nous… Enfin, cette lettre doit se terminer par un pardon sincère aussi bien vis-à-vis de soi que de son interlocuteur, afin de ne pas nourrir la culpabilité. Une fois terminée, la lettre est lue à haute voie, en conscience, voire théâtralisée, puis brûlée, enterrée ou expédiée dans une enveloppe sans adresse.

Sinon, dans toutes les situations où l’on sent monter la colère, il importe de se placer à l’écoute du corps, de ses crispations, du pouls qui s’accélère… Calmer sa respiration et surtout apprendre à répondre, non pas sur le mode accusateur du « vous » ou du « tu », mais du « Je », qui permet de prendre pleinement sa place et de poser ses limites.

Profitez donc de cette belle énergie printanière pour vous remettre en selle et voir plus loin.