C’est effet au début des années 1980 que nous nous sommes rencontrés, Gérard ayant déjà plusieurs expériences professionnelles à son actif (d'abord instit' puis économiste du bâtiment et technico-commercial) et Élisabeth, sortant tout juste du Bac. Engagés très tôt dans des logiques enthousiastes et généreuses de partage de leurs propres découvertes, ils ont initié avec une poignée de copains d’alors des conférences destinées à ouvrir des possibles et faire rêver l’espace, et même un magazine d’architecture qui se voulait grand public…
L’activité de travailleur indépendant de Gérard se renforçant avec des projets de valorisation graphique et de communication, nous choisissons progressivement de prendre nos distances vis-à-vis d’un enseignement jugé insatisfaisant, pour nous consacrer à notre activité professionnelle stimulante, jalonnée de défis techniques et créatifs, mais aussi de difficultés qui ont conduit à jeter un regard bien différent sur la société des apparences et du spectacle, du monde économique et de sa sacro-sainte rentabilité et du gâchis qu’il génère…
C’est dans un passage plus que sensible de notre aventure que nous avons risqué le pari fou de sortir un jeu de société destiné à faire découvrir la ville de Lyon. Dans notre quête désespérée de financement, nous avons fini, grâce à Patricia Friedmann (bien connue des milieux militants écolo lyonnais pour son investissement dans le salon-rencontre Primevère) avec laquelle nous préparions une exposition pour la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendante sur la Radioactivité) par croiser la Nef, comme Nouvelle Économie Fraternelle. Installée à cette époque dans l’Allier, cette modeste société financière à vocation éthique, pour qui « l’argent relie les hommes », avait une façon singulière d’appréhender les demandes de crédit, tentant notamment de déceler, au-delà des données chiffrées, le sens que pouvait revêtir un projet dans une trajectoire de vie.
La démarche de la Nef, à un moment de rupture avec le consumérisme, fit écho à nos aspirations, nous invitant dès lors à ne mettre nos compétences qu’au service de projets respectueux du vivant. Un nouveau chapitre de notre vie professionnelle s’ouvrait.
Au fil du temps, le bouche à oreille a continué à faire son œuvre mais avec des clients plus engagés, de véritables acteurs de terrain impliqués dans l’agriculture biologique et même biodynamique - label Demeter -, dans la préservation des ressources et la gestion des patrimoines naturels, dans la distribution de produits biologiques - Biocoop -, dans l’économie sociale et solidaire… et tout naturellement de parcs naturels régionaux. Et c’est ainsi qu’un jour devait tomber dans la boîte aux lettres de notre agence - structurée en scop -, une consultation du PNR Livradois Forez qui allait nous permettre de découvrir ce coin de France où nous déciderions de faire éclore notre propre projet.